L’alimentation et Insuffisance Rénale Chronique

8 juin 2022

Les reins sont deux organes en forme de haricot qui sont reliés à la vessie par les uretères. Leur rôle est d’épurer en moyenne 180L de sang par jour, par l’excrétion de 1,5L d’urines concentrées en déchets issus de la métabolisation des protéines et des médicaments.

Outre ce rôle épurateur les reins ont, entre autres, les importantes missions de produire l’érythropoïétine (hormone stimulant la production des globules rouges) et d’activer la vitamine D ou encore les hormones thyroïdiennes.

A la suite de la prise prolongée de certains médicaments (quinine, anti-inflammatoires non stéroïdiens, inhibiteurs de l’enzyme conversion de l’angiotensine, cyclosporine…), d’une alimentation hyperprotéinée, les reins peuvent s’abimer et une insuffisance rénale chronique (IRC) peut s’installer. A l’inverse de l’insuffisance rénale aigue, celle-ci est irréversible. Le diabète et l’hypertension artérielle restent les principales causes d’IRC.

L’IRC se traduit par une diminution de la clairance de la créatinine (vitesse d’élimination des déchets protidiques), dont la valeur permet d’évaluer le stade d’avancée de la maladie (stade 1 à 4). Lorsque le stade est dit terminal, il est abordé la mise en place d’une épuration artificielle : la dialyse. Les reins n’effectuant plus leur travail, le patient se rend au centre de dialyse une à plusieurs fois par semaine, pour qu’un rein artificiel épure le sang. Il est parfois proposé la dialyse péritonéale, qui permet plus de flexibilité au patient qui peut rester au domicile.

Puis la transplantation rénale devient une option proposée par le médecin lorsque la fonction rénale est trop dégradée. Cette chirurgie oblige la prise d’immunosuppresseurs pour tolérer le greffon, et donc une vigilance accrue sur la salubrité des aliments. A noter que selon le type de médicaments (ciclosporine, tacrolimus, sirolimus, everolimus, temsirolimus…) donnés, le pamplemousse pourra être formellement interdit du fait de la présence de furanocoumarines qui agissent comme des inhibiteurs du cytochrome P450, enzyme impliquée dans la métabolisation des médicaments. Il y a alors un risque important de surdose du fait d’une moindre dégradation du médicament.

Lors de tous les stades d’atteinte des reins, l’alimentation doit être strictement surveillée pour limiter l’avancée de la maladie. Le sang étant rapidement surchargé du fait d’une plus faible épuration, il convient de ne pas surconsommer certains nutriments. Ainsi hydratation, protéines, sodium, potassium et phosphore sont surveillés de près. Les conseils diététiques donnés varient selon le stade de l’insuffisance rénale et de la thérapie en place.

Il est indispensable de se faire suivre par un(e) diététicien(ne), pour ne pas se dénutrir lors de l’annonce des recommandations nutritionnelles, notamment du fait de la limitation des apports protéinés. L’augmentation des taux d’urée plasmatique induit parallèlement un dégoût pour la viande, renforçant le risque de dénutrition. De plus il faut veiller aux carences micronutritionnelles qui peuvent être induites par la réduction de l’apport en phosphore : la diminution des produits laitiers et produits carnés peut engendrer en parallèle un déficit d’apports en calcium, fer, vitamine D, vitamine B12… Des astuces existent pour réduire l’assimilation du potassium, mais elles peuvent s’avérer insuffisantes. Il est alors possible de prendre sous prescription médicale, des chélateurs du potassium pour rendre l’alimentation plus flexible.

Quel que soit le stade d’avancée de la maladie, le diététicien(ne) a toute sa place dans l’accompagnement pluridisciplinaire du patient.