Introduction à l’épigénétique
Chacune de nos cellule contient l’ensemble de notre patrimoine génétique : 46 chromosomes hérités de nos parents, sur lesquels on compte environ 25 000 gènes. Un gène est un segment d’ADN qui contient l’information nécessaire à la synthèse d’une ou de plusieurs molécule(s) qui constitue(nt) l’organisme.
Mais, si toutes nos cellules contiennent la même information génétique, elles n’en font visiblement pas toutes le même usage : une cellule de la peau ne ressemble pas à une cellule du rein, une cellule du foie n’a pas les mêmes fonctions qu’une cellule du cœur. De même, deux jumeaux qui partagent le même génome ne sont jamais parfaitement identiques !
Dans ces exemples et dans bien d’autres, la clé du mystère se nomme « épigénétique ». Avant, on pensait que tout était écrit dans nos gènes et qu’on ne pouvait pas faire grand-chose pour éviter les maladies. Seulement, espérer qu’avant elles, apparaisse un médicament ou un traitement pour nous guérir. Tout cela n’est, en fait, pas totalement exact. On considère qu’à peu près 85% de notre destinée est épigénétique et donc modulable! C’est donc un formidable message d’espoir : il n’y a pas forcément de fatalité génétique.
Mais alors, qu’est-ce que l’épigénétique ?
Alors que la génétique correspond à l’étude des gènes, l’épigénétique s’intéresse à une « matrice » d’informations complémentaires qui définit comment ces gènes vont être utilisés par une cellule … ou ne pas l’être. En d’autres mots, comment l’activité de ces gènes va être modulée dans la cellule. L’expression génétique n’est pas un processus binaire : il existe différents niveaux, avec, par exemple, des gènes très actifs, surexprimés (synthèse importante des molécules correspondantes), ou encore partiellement réprimés ou éteints (synthèse très faible ou inexistante des molécules correspondantes). Un même génome peut donc s’exprimer différemment en fonction de modifications épigénétiques.
L’épigénétique explique en partie qu’une personne ayant un parent atteint de certain cancer, de diabète de type 2, d’allergies ou maladie auto-immune et donc des gènes de prédisposition à cette pathologie, aura moins de risques de développer ces maladies si elle adopte une hygiène de vie qui maintient ces gènes éteins.
Concrètement, ces modifications sont matérialisées par des marques biochimiques, apposées par des enzymes spécialisées sur l’ADN ou sur des protéines qui le structurent (les histones). Les marques les mieux caractérisées sont les groupements méthyle apposés sur l’ADN, ainsi que diverses modifications chimiques des histones (méthylation, acétylation …). Ces marques sont autrement dit des « étiquettes » moléculaires apposées à proximité des gènes et spécifiant le statut de ceux-ci, comme autant de balises indiquant à notre machinerie cellulaire que faire des éléments de notre génome et comment le réguler. En gros, l’étiquette épigénétique accolée à un gène spécifie si celui-ci doit être un peu, beaucoup ou pas du tout actif. Et la répartition de ces étiquettes sur notre génome varie au fil du temps, ne cessant d’évoluer.
Qu’est-ce qui impacte notre épigénétique ?
Les modifications épigénétiques sont induites par l’environnement au sens large : la cellule reçoit en permanence toutes sortes de signaux l’informant sur son environnement, de manière à ce qu’elle se spécialise au cours du développement, ou ajuste son activité à la situation. Ceci signifie donc que nos comportements influencent les signaux envoyés à nos cellules, apportant des modifications dans l’expression de nos gènes.
Six comportements vont déterminer notre avenir médical en modulant notre épigénétique :
- La nutrition (Suivi diététique)
- L’activité physique
- La gestion du stress
- Les relations sociales et affectives
- Les toxiques : tabac, excès d’alcool, pollution
- Le mode de vie : les plaisirs au quotidien
Au final, adapter de bons comportements favorisera l’expression de bons gènes impliqués entre-autre dans notre immunité, dans la production d’hormone du bien-être comme l’ocytocine, la dopamine, la sérotonine, etc… et aidera à diminuer l’expression de « mauvais gènes » impliqués dans le stress oxydant, l’inflammation ou encore la production de l’hormone du stress : le cortisol. Hormone qui, quand elle est produite de façon chronique, favorise le développement de pathologies telles que le cancer, les pathologies cardio-vasculaires, …
En définitive, l’épigénétique est la preuve que nous sommes maître de notre destin, alors à vous de le prendre en main! Nous développerons les différents comportements pouvant influencer notre épigénétique dans de futurs articles.