Pourquoi, lorsque j’ai mal au dos, mon ostéopathe me palpe-t-il (elle) le ventre, regarde-t-il (elle) mes chevilles, mes épaules ou mobilise-t-il (elle) mon cou ?
Considérer l’individu dans sa globalité pour mieux le soulager
En ostéopathie, il est nécessaire de considérer l’individu dans sa globalité. Il s’agit de l’un des fondements de notre pratique.
En effet, toutes les parties du corps sont reliées entre elles par l’intermédiaire de différents tissus ; c’est ce qui fait que le corps constitue une unité fonctionnelle indissociable, une identité propre à chaque patient.
Dès lors, la perturbation du son fonctionnement d’une structure à un endroit précis du corps « retentit » ainsi à distance, par le biais des continuités tissulaires. Lorsqu’une partie du corps est atteinte, cela déséquilibre l’harmonie du corps dans son entier.
Retrouver l’équilibre de l’organisme
Le traitement ostéopathique vise donc à retrouver, non seulement la fonction de la partie atteinte, mais aussi la balance du corps entier. Pour cela, il faut tenir compte de l’environnement du patient, notamment de ses conditions de vie, d’hygiène et de diététique. (Suivi diététique)
L’ostéopathe est donc conduit à poser de nombreuses questions en début de séance, lors de l’anamnèse, au sujet des différents traumatismes vécus (physiques et émotionnels), de l’alimentation, de l’hydratation, du sommeil, des pathologies connues…
Il faut avoir à l’esprit que chaque structure du corps (os, ligament, tendon, muscle, organe…) correspond à une fonction (mouvement, stabilité, digestion…). On dit que structure et fonction sont interdépendantes, ce qui signifie qu’une perturbation de l’une se répercute sur l’autre.
Prenons pour exemple un patient qui se plaint d’une douleur en bas du dos au niveau des lombaires, appelée lombalgie. L’ostéopathe qui reçoit ce patient s’intéresse à la zone douloureuse dans un premier temps : est-ce que cette douleur est apparue suite à un choc ? Un accident ? A-t-il passé des examens radiologiques ou autres ?
Puis l’ostéopathe s’intéressera également à l’alimentation du patient, à ses habitudes de vie, aux éventuels troubles digestifs présents avant la douleur ou depuis l’apparition de la douleur, à son sommeil, aux éventuelles douleurs chroniques (présentes depuis plus de 3 mois)… Il pourra également demander au patient s’il a eu des entorses aux genoux ou aux chevilles récemment.
Le sens du questionnement thérapeutique
Toutes ces questions ont un sens et ne sont pas posées au hasard, ni par « curiosité ».
En effet, selon les réponses du patient, l’ostéopathe oriente son diagnostic afin d’essayer de trouver la cause initiale de cette douleur. Le corps étant une unité, avec de nombreuses relations tissulaires, une lombalgie n’est pas forcément et uniquement la conséquence d’un traumatisme sur la zone concernée, ni due à un faux mouvement. Elle peut aussi être liée à des troubles digestifs présents avant la douleur (constipation, diarrhée, ballonnements…), à un antécédent d’entorse à la cheville ou au genou…
Le sens des douleurs des différentes parties du corps
L’ostéopathe palpe ainsi le ventre du patient afin de voir si des tensions sont présentes, si la mobilité des tissus entourant l’intestin grêle, le colon, l’utérus (pour les femmes), la vessie, les reins… est correcte ou si elle est perturbée. S’il diagnostique une perte de mobilité de l’intestin ou du colon (qui n’est pas nécessairement associée à des symptômes digestifs, ni à une douleur digestive), son traitement sera axé sur le système digestif, ce dernier étant probablement la cause de la lombalgie. L’ostéopathe pourra utiliser, dans son traitement, des techniques viscérales (mobilisation du ventre), des techniques structurelles ou fonctionnelles (mobilisation de la colonne vertébrale, des articulations).
Il en est de même lorsque l’ostéopathe teste les chevilles : il note l’amplitude de mouvement des deux chevilles. Si l’une des deux manque d’amplitude, cela peut être dû à une insuffisante récupération post-traumatique (suite d’entorse) entraînant des tensions musculaires du mollet, du quadriceps ou des ischio-jambiers perturbant à leur tour la mobilité du bassin et à terme des lombaires. Dans ce cas, la lombalgie peut être causée par un déséquilibre, lié à une importante compensation post-traumatique à distance (cheville/ bas du dos). De ce fait, l’ostéopathe manipulera la cheville concernée, éliminera les tensions musculaires, puis remobilisera peut-être les lombaires si besoin.
Lombalgies, dorsalgies, céphalées…
Nous avons pris l’exemple d’un patient souffrant de lombalgie, mais de nombreuses causes sont également possibles pour les dorsalgies (douleur milieu du dos), les cervicalgies (douleur du cou), les maux de ventre, les céphalées (maux de tête)…
Une cervicalgie peut être causée par un accident de voiture (coup du lapin, rectitude cervicale), une mauvaise posture au travail (écran d’ordinateur), à un trouble visuel, un serrement de dents ou bruxisme dentaire (contracture des muscles masticateurs), à un trouble de la déglutition, ou suite à des lombalgies chroniques…
De même pour une dorsalgie qui peut être due à un choc sur le dos, à une activité physique plus importante (contracture musculaire), à des troubles digestifs (remontées acides, brûlures gastriques, pesanteur, fatigue après les repas), à une difficulté à bien respirer (mobilisation du thorax, des côtes), au stress…
Conclusion
En conclusion, il faut retenir que la cause d’une douleur n’est pas toujours au même endroit que le siège de la douleur. Il est donc normal qu’un ostéopathe palpe votre ventre, teste vos chevilles, genoux, épaules, cervicales lorsque vous avez mal au dos.